Website Statistics Analyser le livre boule de suif de la page 11 Pendant plusieurs jours jusquà la page 14 La vie semblait Etudier commenter le défilé de la défaite gt Regarder la

Analyser le livre boule de suif de la page 11 "Pendant plusieurs jours..." jusqu'à la page 14 "La vie semblait...". Etudier / commenter le "défilé" de la défaite. --> Regarder la longueur des paragraphes. Relever toutes les traces de l'ironie et expliquer.

le texte est disponible sur internet gratuitement. ou ci dessous

Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d’armée en déroute avaient

traversé la ville. Ce n’était point de la troupe, mais des hordes débandées.

Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils

avançaient d’une allure molle, sans drapeau, sans régiment. Tous semblaient

accablés, éreintés, incapables d’une pensée ou d’une résolution, marchant

seulement par habitude, et tombant de fatigue sitôt qu’ils s’arrêtaient. On

voyait surtout des mobilisés, gens pacifiques, rentiers tranquilles, pliant

sous le poids du fusil ; des petits moblots alertes, faciles à l’épouvante et

prompts à l’enthousiasme, prêts à l’attaque comme à la fuite ; puis, au milieu

d’eux, quelques culottes rouges, débris d’une division moulue dans une

grande bataille ; des artilleurs sombres alignés avec ces fantassins divers ;

et, parfois, le casque brillant d’un dragon au pied pesant qui suivait avec

peine la marche plus légère des lignards.

Des légions de francs-tireurs aux appellations héroïques : « les Vengeurs

de la Défaite – les Citoyens de la Tombe – les Partageurs de la Mort » –

passaient à leur tour, avec des airs de bandits.

Leurs chefs, anciens commerçants en draps ou en graines, ex-marchands

de suif ou de savon, guerriers de circonstance, nommés officiers pour leurs

écus ou la longueur de leurs moustaches, couverts d’armes, de flanelle et de

galons, parlaient d’une voix retentissante, discutaient plans de campagne,

et prétendaient soutenir seuls la France agonisante sur leurs épaules de

fanfarons ; mais ils redoutaient parfois leurs propres soldats, gens de sac et

de corde, souvent braves à outrance, pillards et débauchés. Les Prussiens allaient entrer dans Rouen, disait-on.

La Garde nationale qui, depuis deux mois, faisait des reconnaissances très

prudentes dans les bois voisins, fusillant parfois ses propres sentinelles, et se

préparant au combat quand un petit lapin remuait sous des broussailles, était

rentrée dans ses foyers. Ses armes, ses uniformes, tout son attirail meurtrier,

dont elle épouvantait naguère les bornes des routes nationales à trois lieues

à la ronde, avaient subitement disparu.

Les derniers soldats français venaient enfin de traverser la Seine pour

gagner Pont-Audemer par Saint-Sever et Bourg-Achard ; et, marchant après

tous, le général, désespéré, ne pouvant rien tenter avec ces loques disparates,

éperdu lui-même dans la grande débâcle d’un peuple habitué à vaincre et

désastreusement battu malgré sa bravoure légendaire, s’en allait à pied, entre

deux officiers d’ordonnance.

Puis un calme profond, une attente épouvantée et silencieuse avaient

plané sur la cité. Beaucoup de bourgeois bedonnants, émasculés par le

commerce, attendaient anxieusement les vainqueurs, tremblant qu’on ne

considérât comme une arme leurs broches à rôtir ou leurs grands couteaux

de cuisine.

La vie semblait arrêtée ; les boutiques étaient closes, la rue muette.

Quelquefois un habitant, intimidé par ce silence, filait rapidement le long

des murs.

Répondre :

D'autres questions