Réponse:
La cause semble entendue : la démocratie, c’est les élections libres plus l’État de droit. Le modèle a été inventé avec les révolutions des xviie et xviiie siècles en Europe ; il plonge ses racines dans des expériences occidentales antérieures, à commencer par Athènes, les communes médiévales et les Parlements de l’époque moderne ; de portée désormais universelle, il constituerait le point culminant de l’histoire politique ; d’ailleurs, les peuples qui ne bénéficient pas d’élections libres se mobilisent régulièrement pour conquérir ce droit (et accéder à la modernité politique). Cette thèse semble partagée par les libéraux, les républicains, nombre de tendances socialistes ou de gauche radicale. Elle fait partie du sens commun de bien des citoyens. Pourtant, une vague d’expérimentations démocratiques vient aujourd’hui la contredire.
La place centrale du système électoral repose certes sur une série de thèses fortes. Elle semble découler de la philosophie contractualiste, hégémonique dans la modernité occidentale. Le pouvoir doit s’exercer avec le consentement des gouvernés, et ceux-ci doivent peser d’un poids égal dans la sélection des gouvernants. Pour ce faire, la technique la plus simple et la plus démocratique consiste à leur demander de s’exprimer en mettant un bulletin dans l’urne, puis de décompter les voix ainsi recueillies.
Au Moyen Âge, la question de savoir comment prendre une décision en l’absence d’unanimité agita le monde ecclésiastique. La partie réputée la plus sage ou la plus saine ...
