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Contraction de texte et essai rédigés
ous ferez un résumé de ce texte en 200 mots à 10 % près (entre 180 et 220 mots).
La littérature, c'est toujours une manière d'agir sur soi et sur les hommes, et par conséquent de les
faire agir. Ceux-là même qui condamnent l'action parce qu'elle ne serait pas, soi-disant, la soeur du
rêve, agissent contre certaines actions, et se livrent à cette action précise qui consiste à essayer de
décourager ou de détourner les hommes de certaines actions.
Autant les écrivains qui se veulent à tout prix dégagés, dégagés de tout ce qui arrive de désagréable
ou de tragique à leurs compagnons de la terre, autant les écrivains qui vivent dans leur petit coin
en cultivant les petites fleurs et les petits oiseaux de leur petit jardin, autant ces écrivains-là sont
en général peu engageants à force de pauvreté de cœur, d'économie de curiosité, autant ceux qui
conjuguent trop bien le malheur de n'être que des écrivains et le désir d'être davantage (ou autre
chose) risquent de n'être plus rien du tout. Il n'est pas déconseillé à un écrivain, au contraire, de se
sentir partie liée avec tous les hommes, c'est-à-dire de travailler, de rire, d'aimer et de pêcher la
truite, de faire la guerre quand il croit que c'est juste, et d'aider à changer la société quand il pense
que c'est nécessaire (et c'est toujours nécessaire). Il y a une grande littérature qui est une littérature
de combat, de dénonciation des abus, ou des injustices, une littérature de révolte ou de polémique,
une littérature d'intervention ou de révolution. Mais cette littérature-là n'est jamais l'œuvre
d'écrivains qui ont besoin de se faire excuser de n'être que des écrivains, qui, en un mot, ont un
complexe d'infériorité ». Pascal écrit Les Provinciales et Fénelon écrit les remontrances au roi,
Voltaire écrit L'Essai sur la tolérance et Hugo Les Châtiments, non parce qu'ils sentent la nécessité
de se faire décerner un certificat d'utilité publique, mais parce que c'est plus fort qu'eux, qu'il leur
faut dire ce qu'ils ont à dire. Ils ne sont pas engagés au sens où le militaire et le policier sont engagés,
c'est-à-dire, ont pris l'engagement d'obéir aux ordres de leurs supérieurs, sans les discuter et au
besoin sans chercher à les comprendre, ils ne sont pas engagés d'avance à dire ce qu'on attendait
d'eux, ils ne sont pas engagés comme le sont la recrue, l'homme à gages ou le domestique, ils ne
sont pas engagés comme un train est engagé sur des rails. Ils n'ont pas pris du service, mais ils ont
pris feu et ils ont pris parti. Dans ce sens du mot engagement la question à se poser n'est plus, me
semble-t-il: Un écrivain doit-il s'engager ? mais plutôt, «Comment un écrivain pourrait-il
accepter d'être un homme diminué et un citoyen incomplet, c'est-à-dire ne pas s'engager
quelquefois de toute son âme et de toutes ses forces? Comment peut-on si un ennemi envahit
notre pays, humilie les nôtres, proscrit, persécute ou extermine nos voisins, comment peut-on ne
pas réagir ? Comment peut-on empêcher son sang de ne faire qu'un tour quand on est le témoin
d'une injustice? Comment peut-on supporter paisiblement, en jouant aux quilles ou en chantant
des romances, de voir à coté de soi des hommes pauvres et exploités, d'entendre prononcer des
mensonges? Il n'y a qu'une façon de n'être pas engagé, c'est de ne pas être vivant, c'est de se faire
pierre parmi les pierres ou plume au gré du vent. L'engagement vrai, c'est celui qui consiste à laisser
parler sa raison et son cœur quand ils sont blessés par le malheur général et par la déraison des
choses.
Claude Roy (1915-1997), Défense de la Littérature, O Éditions Gallimard, 1968.

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